Livresetpsy
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Le Deal du moment : -21%
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, ...
Voir le deal
39.59 €

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

2 participants

Aller en bas

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009) Empty CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

Message par Anne Mer 2 Déc 2009 - 21:47

Collectif des 39 Contre La Nuit Sécuritaire
Quelle hospitalité pour la folie ?
Journée Nationale – Samedi 28 Novembre 2009 – 9h-18h
Renseignements et inscription : www.collectifpsychiatrie.fr

-
Environ 800 à 1000 participants France entière, toutes catégories professionnelles concernées de près ou de loin, patients et familles de patients, politiques, journalistes.


10h Table ronde N°1 (à compléter, puisque je suis arrivée passablement en retard…) : Serge PORTELLI et le groupe des 39… A l’heure de la rétention, de l’enfermement, et du retour de la contrainte. Suivi d’un débat

Le retour de l’hygiénisme : la psychiatrie se voue de nouveau de plus en plus explicitement au service d’un traitement du malaise social).
Le retour à une forme de naturalisme : la tendance est, au niveau des pouvoirs publics, à la prévalence d’hypothèses étiologiques (=sur l’origine des troubles) et donc de perspectives cliniques privilégiant la piste de l’organique ou du « tout-biologique » , aux dépends des regards considérant l’autre comme un sujet non réductible à sa seule génétique/physiologie. Cette tendance se trouve associé à la catégorisation (considérée abusive) des « patients » dans les cases forcément réductrices des classifications internationales (DSM IV de l’Association Psychiatrique Américaine) voire françaises (CIM 10 qui s’inspirent largement du DSM). Ce type de logique mènent à des pratiques du type : diagnostic => traitement pharmacologique imposé avec de moins en moins de place pour un travail du lien et de la relation en particulier.
La réalité des lieux de « soin » psychique : Les professionnels de la psychiatrie présents témoignent du sentiment de contrainte qu’ils ressentent dans leurs lieux d’exercice. Les pratiques et missions qui leur sont demandées par leurs Directeurs d’établissement leur paraissent contraires à l’éthique de leurs professions. Le témoignage d’un chef d’établissement viendra plus tard en complément ; il expliquera l’intervention intrusive et abusive des Préfets dans l’exercice de ses fonctions.
Les patients semblent de plus en plus considérés comme des objets dépersonnalisés qu’il s’agit de « gérer » et « traiter ».
L’évaluation : les Etablissements de Santé Publiques ont à rendre des comptes sous la forme d’évaluations chiffrées de leurs pratiques. Il s’agit de « côter » si telle ou telle action engagée à eu un effet concret sur l’état de chaque patient. Ce dernier est de nouveau estimé à partir de classifications diagnostiques en fonction de critères rigides ne permettant pas de transmettre la réalité de l’évolution de la personne. Par ailleurs, la qualité des pratiques n’est pas forcément démontrable par ce type de critères. Enfin, la psychiatrie demeure un domaine dans lequel les professionnels eux-mêmes reconnaissent les limites de leur savoir et les recherches encore nécessaires au soulagement des souffrances. Pour autant, il ne devrait pas non plus s’agir de rechercher une forme de perfection de l’individu, de transformation du sujet au plus proche d’une norme X imposée par l’Etat avec, lorsque la personne demeure trop éloignée du modèle exigé, le jugement des pouvoirs publics que l’action des praticiens a été inefficace…
L’isolement : Parallèlement à l’utilisation de la pharmacologie comme réponse de plus en plus systématisée, le problème de l’isolement est ressorti de manière récurrente dans les échanges :
* utilisation des chambres d’isolement dans des conditions de moins en moins humaines
* isolement des professionnels dans leurs résistances individuelles face aux injonctions/pressions dont ils font l’objet par leur hiérarchie et/ou les préfets.
Le recours accru à l’enfermement, en isolement avec contention, serait opportunément réapparu en via l’instrumentalisation d’exceptionnels et néanmoins terribles faits de violences constatés dans certains services de psychiatrie et dont les médias se sont largement fait l’écho.
« Dire et abattre les murs pour qu’on puisse voir ce qu’il se passe à l’intérieur » : l’un des objectifs majeurs des interventions, notamment en donnant des exemples concrets du type de pratiques actuellement constatées en Hôpital Psychiatrique (HP).
En continuité, nous relaierons donc le témoignage d’un infirmier psy : alors que pendant des années un patient qu’il connaît bien sortait (sans autorisation mais avec un accord tacite des équipes) de l’hôpital pour se faire ensuite ramener par la gendarmerie « dans une forme de jeu » toléré par les institutions psy et policières, l’augmentation des politiques sécuritaires (ou « paranoïaques ») s’est traduite pour lui par une perte complète de mobilité. Une « feuille de soins » a été transmise par leur direction aux soignants leur demandant d’empêcher ce patient de sortir des murs de l’HP de la manière suivante : enfermement permanent en chambre d’isolement avec contention, sorties surveillées par 4 infirmiers hommes. Constatant que le personnel n’appliquait pas les directives à la lettre, le Directeur a alors émis une nouvelle feuille de soins spécifiant que le patient ne devait plus sortir fumer de cigarette comme il semblait qu’il le fit jusqu’ici et devait uniquement sortir de sa chambre pour aller prendre son repas dans le vestiaire du personnel, toujours sous surveillance de 3 hommes. La cigarette était bien sûr interdite, mais des échanges plus détendus autorisés…
Synthèse du débat : Les intervenants et la salle ont semblé s’entendre sur un consensus selon lequel « la folie peut et doit être accueillie dans les villes, la cité », en totale opposition donc avec de telles pratiques.

11h30 Table N°2 : Yves CLOT et le groupe des 39… A l’heure des protocoles et de l’ « industrialisation » des soins. Suivi d’un débat
Evaluation, catégorisation, novlangue : Depuis les années 80 est constaté un retour de l’idée d’ « évaluation » en lien avec celle de contrôle des dépenses publiques. Ceci amène une modification progressive des dispositifs de soin. De la logique de l’évaluation découle celle de la catégorisation, pratiques nécessitant des grilles de classification. Le langage dans lequel elles sont rédigées sera souvent comparé lors de cette journée au « novlangue ». Non seulement il apparaît hermétique aux néophytes, aux patients, mais également propre à vider de sa substance tout éventuel échange ou débat clinique entre les professionnels. De là, la profession court le risque d’un déclin de la remise en question l’habitant, et par là-même de sa capacité de résistance face aux politiques sécuritaires gouvernementales. Enfin, « les mots sont occupés », c’est-à-dire que certains concepts ont été repris et instrumentalisés, de façon à ce que les professionnels ne peuvent plus les employer sans vehiculer certaines idéologies à l’origine de ces récupérations. Un travail sur le vocabulaire employé en psychiatrie apparaît donc aujourd’hui indispensable.

« Les risques psycho-sociaux » : Y. CLOT rappelle l’augmentation des suicides sur le lieu de travail ainsi que les TMS (troubles musculo-squelettiques), phénomènes ayant mené le ministre du travail, le 15/11/2009 à demander à ce que les négociations avec les partenaires sociaux aient abouti à des propositions concrètes pour fin 2009. La perspective d’une mise en place d’un label « souffrance au travail » a généré l’accélération de l’instauration de plans internes aux entreprises dans le champ de la lutte contre les « risques psycho-sociaux » (= prise en charge de « ceux qui ne peuvent plus suivre …»)
La « prévention » en entreprise devrait prochainement s’organiser via des « signalants » chargés de repérer les sujets « à risque » selon certains « indices » et d’en référer à la hiérarchie :
*les « signalants » : le médecin de famille, le conjoint, les collègues, les RH… et les responsables du personnel syndicalistes (on voit la le glissement de statut en particulier pour ces derniers)…
*Le système de veille fonctionnerait donc sur des indices du type : « irritabilité », « râles fréquents », « hyperactivité (auto-responsabilisation extrême, augmentation extrême du temps de travail) », « recherche obsessionnelle de la perfection ». Ces critères constituent une injonction paradoxale évidente avec les tâches quasi-irréalisables voire dévalorisantes qui sont de plus en plus demandées aux salariés (ex : vendre des lignes internet à des personnes n’ayant pas d’ordinateur…)
« Souffrance au travail » : Y. CLOT souligne que la souffrance au travail ne relève pas, contrairement à la réponse apportée, du domaine du psychisme, mais de celui du social, et du travail lui-même. Ne pas arriver, malgré ses efforts… à réaliser une tâche amène une « mauvaise fatigue » et de la contrariété. De même, faire des compromis avec ses valeurs personnelles va amener « ne plus se reconnaître dans ce que l’on fait, puis dans ce que l’on est, puis à ne plus répondre de ce que l’on fait » (le cacher à ses proches notamment), éprouver de la honte. Mais cela peut aussi conduire à demander à l’autre de reconnaître la seule identité restante, celle de la souffrance : demander à la direction d’écouter la plainte (les plans des risques psycho-sociaux) et répondre que cela n’est pas si grave. L’utilisation de la psychologie à de telles fins correspond à une perversion de la situation, une manipulation ».
« Le management par objectifs » : introduit par IBM, il correspond à une mise en concurrence des salariés, à un système basé sur le contrôle et l’auto-contrôle (être évalué et s’évaluer soi-même sur des objectifs surnuméraires qu’on demande au salarié de définir lui-même), sur une logique de « bonnes pratiques » guidées par des « procédures paralysantes ». De tels « contrats d’objectifs » ne tiennent pas compte de la qualité effective du travail fourni.
En application aux professionnels de la psychiatrie : Y. CLOT recommande une reconstruction du métier comme « arc de résistance » face à cette « logique de compétences », « c’est-à-dire sans tricher avec le réel bien qu’il divise […] un métier n’est pas un groupe d’appartenance […] la seule manière de défendre le métier est de l’attaquer [… via] la controverse professionnelle ». En réponse à « la partie non visible du travail » des personnels psy, celle qui se situe en resistance et en clandestinité face aux injonctions du pouvoir, Y. CLOT souligne que la clandestinité atteint ses limites avec la question de la transmission du savoir, de la formation. Il s’agirait de parvenir à pouvoir libérer la parole sur les pratiques, de façon à pouvoir construire et reconstruire, mais aussi pour ne pas « se laisser identifier à cette honte de s’occuper de malades psy ». Il faudrait « assumer entièrement d’être dans une marge avec des personnes elles aussi à la marge ».
Synthèse du débat : Les professionnels de la salle témoignent de leurs pratiques et de leurs actes de résistance, en hospitalier adulte, enfant, mais aussi en association.

14h Table N°3 : Patrick COUPECHOUX et Roger FERRERI…Défendre la folie. Suivi d’un débat

PC :« Le fou est une représentation de la limite… par rapport à un programme politique et n’est pas à réprimer, diminuer […] la folie n’existe plus […] on parle de souffrance, de trouble, de santé publique etc. » ceci du fait de la « volonté d’un système néolibéral d’imposer un type d’individu […] auto-construit, adaptable, utile […] sinon on rejète ». Dans un système de consommation, « le fou n’a pas sa place […] la folie demeure subversive » car « on veut nous imposer des liens contractuels […] la satisfaction […] le gagnant/gagnant […] la folie n’entre pas là-dedans, d’où sa disparition du discours publique, médiatique […] il dérange par rapport à cette conception de l’être humain […] on assiste à une destruction de la vie en général […] la société serait un agglomérat d’individus en concurrence les uns les autres […] symbolisé par les RH en entreprise […] vous n’existez que si vous êtes utile […] Or le lien avec le malade doit être humain, profond, aux antipodes avec le ‘’contrat’’ ».
« La folie appartient à l’humanité, c’est une possibilité pour tout individu […] elle doit être une possibilité de création, d’innovation […] est-ce qu’on peut évaluer un sourire ? […] l’être humain ne se réduit pas à une transaction […] on est dans une tentative de créer un nouvel individu […] Il faut défendre le fou car derrière le fou il y a nous, le sujet ».
« La criminalisation de la folie fait partie de sa négation […] le réduire à un être dangereux comme ‘’le pédophile’’, ‘’le bandit de grand chemin’’ […] le fou n’est que la première ligne […] cf. les caméras de surveillance, les réformes de la justice […] ». Ainsi lorsque l’on assiste à la mobilisation « des hélicoptères pour retrouver deux malades… […] les puissants ont compris […] que le système où l’on est ne fonctionne plus […] la crise … a aussi des aspects humains graves et ils le savent […] c’est une préparation d’une réponse à ce qui va advenir car ils savent que ça ne va pas se résoudre […] tout est cohérent […] ça ne date pas de Sarkozy […] c’est depuis 30 ans […] c’est pour dire que ça ne va plus fonctionner mais qu’il faut que ça continuer de fonctionner ».
RF : « la modernité c’est le surréalisme, la postmodernité c’est le règne de la raison […] on va inventer un concept de ‘’santé mentale’’ ».
PC : « la raison des technocrates et des comptables, qui permet au marché d’aller jusqu’au bout […] tyrannie sans tyran […] au nom de la raison, de la science, de la technoscience […] par rapport au phénomène de surexploitation […] le système ne peut pas se permettre les suicides sans que personne ne bronche […] mais il faut faire un choix entre la mère de famille déprimée et le psychotique […] qui devra se plier […] on l’abandonnera à son sort ou en prison… »
« L’accumulation du capital est aussi accumulation de jouissances […] et celle de la mise en scène de jouissances […] il faut nous réduire à être isolés […] c’est pour cela qu’il faut montrer que nous sommes en lutte…porter un signe […] et demander un budget pour construire des centres de lutte contre toutes les ségrégations ».
Synthèse du débat : « on a lâché des choses, des valeurs […] au bénéfice de l’individu isolé » ; « il faut arrêter toute forme de plainte et passer à la contestation » ; « on fait politiquement de la psychiatrie et pas de la politique psychiatrique » ; « jamais de révoltes collectives de fous contrairement à la maîtresse de maison […] les fous on peut les parquer ils ne se révoltent pas ».
Slam : « Les puissants ont compris que si on met un prix sur tout on peut tout acheter et surtout enlever la dignité »
UNAFAM (usagers de santé mentale) : « Comment on fait alliance ? […] les gens surmédicalisés qui bavent qui doivent se taire car menacés par le psychiatre de retourner à l’hôpital ?! […] comment médecins et malades peuvent-ils se rencontrer ? […] il faut aussi avoir un langage politique fort mais pas forcément élitiste […] on restaure le lien social en se colletant avec les dits ‘’usagers’’ qui veulent être entendus ».

15h30 Résistances et convergences
Présentation des différents groupes et collectifs engagés dans une lutte contre les politiques sécuritaires, dans une perspective de mise en lien et de renforcement par le rapprochement : notamment « Refus de la politique de la peur », « Réseau Education Sans Frontières », « Appel des appels », le PCF…, « Appel de Bondy », Associations régionales…
…et une intervention très appréciée des représentants des patients d’un centre de soins de Reims :
« Nous ne sommes pas dangereux […] quand nous sommes bien encadrés, nous sommes même plutôt calmes et amicaux (rires) »,
constat de la baisse des moyens,
constat des contraintes abusives (ex de la création d’Unités pour Malades Difficiles alors qu’existe déjà de multiples formes de contraintes telles que l’Hospitalisation d’Office),
« nous ne sommes que des hommes et des femmes pas des bêtes, nous méritons d’être respectés [et ce d’autant que] nous souffrons déjà beaucoup »,
« La France n’est pas une entreprise […] c’est le pays des Droits de l’Homme […] cet idéal […] n’est pas compatible avec la politique de santé actuelle »,
« nous demandons le retrait de la loi Santé Hôpital ».

Puis des propositions concrètes ont été faites, en particulier l’organisation de groupes locaux, le port d’un signe de reconnaissance, réfléchir à la pression opérée par le ministère de l’intérieur via les préfets, collecter les avis des usagers, réfléchir aux enjeux politiques, travailler les choix éthiques sur lesquels s’entendre dans les pratiques, rédiger des « cahiers pour la folie », penser le mouvement en continuité avec celui de l’antipsychiatrie (même si paradoxalement il s’agit d’un mouvement pro-psy aujourd’hui), prendre contact avec les spécialistes de la neurobiologie du cerveau afin de recueillir leur éclairage, entrer en contact avec les citoyens et les municipalités prêtes à soutenir les actions…

Anne

Messages : 54
Date d'inscription : 25/10/2009
Age : 43
Localisation : Paris

https://facebook.com/anne.zountekpo      ou     	   http://twitte

Revenir en haut Aller en bas

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009) Empty Re: CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

Message par tigran Jeu 3 Déc 2009 - 14:58

merci beaucoup anne.

tigran

Messages : 32
Date d'inscription : 25/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009) Empty Re: CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

Message par Anne Jeu 3 Déc 2009 - 15:11

Mais de rien, ce fut un plaisir Smile (ou presque lol! )

Anne

Messages : 54
Date d'inscription : 25/10/2009
Age : 43
Localisation : Paris

https://facebook.com/anne.zountekpo      ou     	   http://twitte

Revenir en haut Aller en bas

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009) Empty Re: CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

Message par tigran Jeu 3 Déc 2009 - 15:44

Very Happy

tigran

Messages : 32
Date d'inscription : 25/10/2009

Revenir en haut Aller en bas

CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009) Empty Re: CR Journée Collectif des 39 (samedi 28/11/2009)

Message par Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum